La p'tite librairie

Immédiatement après, tout s’éteignit : comme lorsque survient une coupure durant une émission télévisée. Il n’avait plus devant les yeux qu’un écran désespérément noir.
Au bout de quelques instants, une voix off, mécanique et sans âme, ânonna une simple phrase :
— J’ai tué Chloé... J’ai tué Chloé...
Puis revint une image, une image fixe, tel un interlude : celle d’un gros bocal de verre, dans lequel gisait, totalement inerte, un énorme bourdon...
— J’ai tué Chloé... répéta la voix sans vie.

10 €



 

     

 

 

Il est des moments dans la vie d’un homme qui provoquent le vertige. De ces instants qui revêtent tant l’habit de l’heure d’exception, que plus rien d’autre ne semble exister, voire… n’avoir existé. Des minutes où l’être humain ne sait plus s’il vient de naître à la vie ou si la mort tente de frapper à sa porte. Des secondes où tout un chacun se sent impuissant face au destin sachant que celui-ci peut, d’un coup du sort, faire basculer l’avenir vers le meilleur autant que vers le pire. Des circonstances où l’angoisse est si intense, que le plus convaincu des athées finit par implorer les Dieux, que le plus cartésien se sent empreint de superstition. Des événements si importants que, tout à coup, rien de ce qui pourrait influer sur le cours de l’histoire ne semble à exclure.
C’est précisément ce que vivait Charles Lebraz, tandis qu’il jetait un coup d’œil furtif sur sa montre tout en triturant le  Saint Christophe accroché à son cou...

10 €



 

 

 

 

Tandis que la 605 s’éloignait sur la route côtière, moult turpitudes tempêtaient dans le crâne de l’adjoint. Cela ne faisait plus aucun doute : un sinistre complot s’ourdissait à son encontre…
Cependant, il balaya bien vite ses sombres tourments d'un revers de pensée, considérant que ce n’était point là, une raison suffisante pour se laisser abattre.
Il prit donc avec sagesse la direction de la buvette, dans le but honorable de s’octroyer un p’tit pastis.


Note de l'auteur : cet ouvrage peut être consommé sans modération.

10 €



 

 

Si beaucoup de ses congénères se plaisent à dissimuler leurs kilos superflus, ce n'était pas le cas de cette tenancière. Son juste au corps était si moulant que le regard du client ne risquait de manquer l'un de ses nombreux bourrelets. De plus, le tissu en était si fin, que le curieux pouvait lire la taille d'exception de son soutien-gorge sur l'étiquette qui s'affichait par transparence. Ce dernier, renforcé et blindé tel un coffre fort, faisait pénitence à la gloire de ses seins patrons, supportant à grand-peine le demi-siècle de cette paire d'enseignes publicitaires qui ballottait à plaisir au-dessus du comptoir. Un pantalon rouge au latex tendu, dont les rondeurs faisaient songer à un ballon de baudruche dangereusement sur-gonflé, parachevait cette œuvre éphémère dédiée à la testostérone.

10 €